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Au voisinage de ton coeur...
9 septembre 2012

(A1) JANE EYRE, une adaptation à l'écran - PRESENTATION

V8_2016-10-15   (V1_2012-09-09)

Premier post sur "Jane Eyre"

>> Pour voir la liste des posts sur ce sujet,
cliquer sur le tag "Jane Eyre" dans la colonne de droite.



...J'ai lu bien des livres mais - le ciel en soit loué - je n'avais pas lu Jane Eyre, le roman de Charlotte Brontë.
Et comme j'ai été plus qu'intéressé par l'adaptation de Jane Eyre diffusée sur Arte, je vais avoir le bonheur de lire un livre qui s'annonce formidable.

Ruth Wilson est Jane Eyre dans la production 2006 de la BBC :

Jane Eyre BBC 2006-avec Ruth Wilson et Toby Stephens - dvd-zone 2 avec scenes inedites

[ Note du lundi 17 septembre 2012 :
  J'ai acheté le livre en fin de semaine dernière et j'ai commencé à lire Jane Eyre (en traduction); je pense que j'aurai bientôt fini. Mais je conserverai mes notes dans l'ordre chronologique : mes premières impressions sont donc écrites après le visionnage - répété - d'une adaptation filmée et avant la lecture du livre.]

Version française d'une mini-série produite en 2006 par la BBC, avec Ruth Wilson, cette adaptation est forcément tronquée, par rapport au livre : on sait la condensation imposée à un livre par l'adaptation cinématographique.
Ce ne sera pas la première fois qu'un film m'entraîne à découvrir un livre.
Ce fut déjà le cas pour "Retour à Howards End" (titre original "Howards End") de James Ivory d'après le roman "Howards End" de E.M. Forster.

Cette mise en image de Jane Eyre m'a énormément plu, même si, dans le doublage en français, il n'est guère satisfaisant -parce que contradictoire avec une histoire se passant en Grande-Bretagne- de faire parler la jeune Adèle en anglais dans les passages où - en réalité - la pupille d'Edward Rochester s'exprime en français, puisque ce personnage a passé ses dix premières années en France.

Il y a de grandes différences entre ce roman de Charlotte Brontë (1816-1855) et les romans de Jane Austen (1775-1817), et ces différences profondes sont aussi perceptibles dans les adaptations cinématographiques. (Nous nous pencherons sur ces différences dans le post suivant.)

Quand on lit ou quand on visionne des oeuvres de fiction, on ressent des émotions intenses qu'on ne peut parfois partager avec personne, parce qu'on est seul ou parce que votre entourage est étranger à toute discussion sur ce sujet.

Vivre dans un milieu où l'on ne peut pas exprimer ses émotions, dans un milieu où on peut à peine les éprouver, dans un milieu où il vaut mieux les oublier, vivre jour après jour dans un tel milieu est une expérience qui ne fait pas que vous marquer : c'est une expérience qui vous modèle, qui vous contraint, et qui étouffe à jamais peut-être la possibilité d'exprimer et même de prendre conscience de vos émotions aux moments où il faudrait le plus être capable de les ressentir et de les exprimer.

De ce point de vue, on peut dire que le long séjour de Jane au pensionnat de Lowood n'a pas été si négatif : que ce soit avec Helen Burns ou d'autres élèves (cf. roman), ou encore avec Miss Temple (cf. roman), Jane a fait de belles rencontres et ses émotions ont été prises en compte par ces personnes devenues proches d'elle.


Qu'est-ce qui ressort de l'adaptation réalisée par la BBC ?
(Lorsque j'aurai lu le livre, mes impressions seront peut-être différentes et certainement plus précises. Il faut être conscient que le roman et l'adaptation à l'écran sont deux oeuvres distinctes, bien que liées.)

Jane Eyre est un personnage attachant.

Orpheline, petite fille traitée injustement, Jane fait preuve d'une capacité de résistance mais aussi d'une capacité d'analyse, elle ne se laisse pas démonter par les tentatives menées par les adultes pour la culpabiliser.

Dans la mini-série produite par la BBC en 2006, voici...
Mrs Reed (tante de Jane, elle déteste cette petite fille) et
M. Brocklehurst (le dirigeant du sinistre et malsain pensionnat de Lowood)

Jane_Eyre_Bronte - from DVD BBC 2006 - Mrs Reed & Mr Brocklehurst

Devenue adulte, cette jeune fille pauvre fait preuve de courage, de droiture et de bienveillance, y compris envers sa tante qui l'a tellement haïe et lui a causé tant de tort, notamment en l'envoyant dans le pensionnat de Lowood.

Jane fait preuve de volonté d'indépendance en passant une annonce pour trouver une place hors de ce pensionnat de Lowood où elle était passée du statut d'élève à celui d'institutrice.

L'annonce reçoit une réponse et Jane sort enfin de Lowood. Pour la première fois, elle devient indépendante, et savoure le spectacle du jardin, depuis les fenêtres du manoir de Thornfield Hall, son nouveau lieu de vie où elle a été accueillie avec sympathie. Mais l'indépendance de Jane est très relative : elle a certes échappé à l'institution de Lowood mais pour se retrouver sous la dépendance d'un autre employeur : Mr Rochester, presque toujours absent de son manoir.

Jane n'a encore jamais eu l'occasion de tomber amoureuse (elle a grandi dans un pensionnat de jeunes filles) et en outre, elle a besoin de contacts dignes de son niveau culturel... Mister Rochester surgira à point nommé, mais Jane va souffrir...

La fermeté d'âme de Jane sera ébranlée par l'attitude manipulatrice de Rochester, son maître à Thornfield-Hall où elle a été engagée comme gouvernante d'Adèle, la pupille de Rochester. Il est très difficile, très délicat de se faire une idée exacte du comportement de Rochester vis à vis de Jane au travers d'une adaptation filmée qui, forcément, résume et simplifie l'oeuvre écrite originelle.

Mais pour ce qui m'apparaît de Rochester via cette adaptation, je l'ai trouvé plus que bourru et plus que taquin : je l'ai trouvé manipulateur et inutilement cruel vis à vis de Jane, par exemple lorsqu'il lui laisse croire qu'il va se marier avec Blanche Ingram et dit à Jane qu'il va trouver pour elle une place en Irlande. C'est vraiment inutilement cruel parce qu'il sait très bien que Jane n'a pas de famille et qu'elle est devenue extrêmement attachée aux gens de Thornfield-Hall de façon générale et à lui-même en particulier. On peut imaginer qu'il veuille la tester et l'obliger à davantage découvrir ses sentiments, mais -au vu des informations qui nous sont livrées dans l'adaptation de la BBC- je trouve Rochester manipulateur jusqu'à la cruauté.

La scène où Rochester fait pleurer Jane parce qu'elle est persuadée qu'elle va devoir non seulement quitter Thornfield mais qu'en plus Rochester veut lui trouver une place en Irlande, c'est-à-dire très loin de lui, idée évidemment insupportable à Jane..., cette scène m'a ému jusqu'aux larmes et c'était bien l'intention de l'auteur du livre et de l'adaptation filmée de créer une émotion intense. Le lecteur et le spectateur d'une oeuvre ne doivent jamais oublier que l'auteur d'un livre, le réalisateur d'un film jouent délibérément avec ses émotions, parfois pour le meilleur et parfois pour le pire. Dans le cas de Jane Eyre (écrit en italique, c'est l'oeuvre, et non le personnage) c'est plutôt pour le meilleur, heureusement.

Je ne commenterai pas plus avant les péripéties de l'oeuvre, sauf que j'en ai trouvé l'intrigue très chaloupée, pour ne pas dire terriblement théâtrale.
Le rebondissement dramatique au moment même du mariage de Rochester et Jane a quelque chose de tellement construit, c'est fabriqué comme une horloge, comme une mécanique de précision.
Le spectateur de notre époque se demande immédiatement si Rochester n'aurait pas pu procéder autrement. Divorcer ? Ou au moins faire annuler un mariage si l'un des conjoints est reconnu comme fou. Était-ce totalement impossible à l'époque ? D'où l'intérêt d'acquérir une édition qui replace l'oeuvre dans son contexte historique. Il faudrait même pouvoir poser des questions à un historien.
Mais peut être que l'auteur du roman (Charlotte Brontë) répond elle-même à ces interrogations dans son livre ?
En outre, était-il réellement impensable, pour Rochester, de dire - à un moment ou à une autre - la vérité à Jane ? Jane qui est quand même la seule adulte, au manoir, à ignorer la présence de la recluse.

Parmi les scènes ultérieures, celles où Jane rechute dans sa douleur et dans les sanglots sont des scènes qui sonnent vraies (je reviendrai sur ces scènes dans un post ultérieur).

L'actrice Ruth Wilson est, selon moi, excellente et même remarquable dans le rôle de Jane, avec ce mélange de dignité, de fermeté, de hauteur de vue, de sensibilité inquiète, puis blessée jusqu'à une douleur sans nom. Il faut voir Jane quand elle observe Rochester et Blanche Ingram ensemble.
Je ne vois rien à reprocher à Ruth Wilson dans ce rôle, vraiment bravo, elle y est formidable. L'expressivité de cette actrice permet au spectateur de lire sur son visage les émotions traversées par le personnage.

Ruth Wilson dans le rôle-titre de Jane Eyre (BBC 2006) :

Jane_Eyre_Bronte - from DVD BBC 2006 with Ruth Wilson - BBC 2006

J'ai également beaucoup aimé la voix et les intonations de l'actrice qui double Ruth Wilson dans l'adaptation française, et j'ai retenu son nom : Nastassja Girard. Il me semble qu'elle a bien rendu les attitudes et les émotions de Jane, et sa voix a ce qu'il faut de juvénilité.

Voici donc Nastassja Girard, voix française doublant Ruth Wilson dans la version diffusée sur Arte :

nastassja-girard 01

(Et Rémi Bichet est la voix française de Toby Stephens qui joue Rochester.)

Je me souviens avoir lu dans un livre de Bertrand Russell un passage qui m'avait frappé.

Il parlait d'un couple dont chacun aimait Shakespeare, auteur qui leur avait fourni tout au long de leur vie une source inépuisable de sujets de conversation.

Certes les sujets ne manquent pas, pour ma part ce serait plutôt Dostoïevski (dont j'ai lu, jeune, toute l'oeuvre de fiction), Vauvenargues, Vermeer de Delft, Badashanren...

J'ai d'abord vu Jane Eyre (la production 2006 de la BBC) sur Arte, puis je l'ai re-visionnée - plusieurs fois ! - sur le Web, grâce à Arte+7.
Et je sens que je vais acheter le DVD de cette adaptation (attention, DVD uniquement en anglais).

Pour l'instant, nous nous contentons de savourer la joie simple et douce que donnent certains êtres au voisinage de notre coeur.
Certains êtres comme... Nelly (chez Dostoïevski), Jane Eyre,
ou encore... la "Femme en bleu lisant une lettre" de Vermeer de Delft.

Vermeer_Johannes_-_Femme en bleu lisant une lettre_-_Woman_reading_a_letter_-_circa_1662-1663

À bientôt, Jane Eyre ! À bientôt, Femme en bleu lisant une lettre !

Bien à vous,

K.

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Commentaires
M
j'ai le DVD de cette version de Jane Eyre (production BBC 2006). Il est en français, pas de problème !
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